Des certifications environnementales uniques au monde, une autonomie énergétique propre, un modèle économique performant, « l’aventure santal » fait ses preuves depuis 13 ans à Maré. À l’occasion d’une visite inédite de l’usine vendredi 11 septembre, le président du gouvernement Thierry Santa a salué l’originalité de cet idéal, appelé à être répliqué ailleurs en Nouvelle-Calédonie.
En marge de la 30e édition de la foire des îles Loyauté, une délégation emmenée par le président du gouvernement Thierry Santa a eu le privilège de visiter les coulisses de l’usine de santal, implantée sur terres coutumières à Maré. Exceptionnellement, et au nom des bonnes relations qui lient les deux hommes, le grand chef du district de Guahma, Dokucas Henri Naisseline, a autorisé l’ouverture des discrètes portes de deux sociétés atypiques. Depuis maintenant 13 ans, la SARL Takone (qui gère la ressource naturelle) et la SARL Serei No Nengone (qui la transforme en essence) fournissent le santal transformé nécessaire à la confection de parfums renommés, dont le fameux Bleu de Chanel, à New York.
Au-delà de la « performance économique », le président du gouvernement a tenu à souligner le fait que cette filière permet « le rayonnement de la Nouvelle-Calédonie dans le monde entier, tout en créant 35 emplois et en préservant la ressource. Il s’agit bien là d’un modèle à répliquer à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie ».
Le plus haut degré de certification
Autonome en eau, en électricité et en maintenance industrielle, l’usine de santal de Maré reçoit régulièrement depuis 2007 des certifications environnementales inédites. « La province des Îles préconise le reboisement de trois pieds pour tout pied coupé, a expliqué Jean Waikedré, ancien chercheur à l’IRD devenu gérant en 2007 de la société Serei No Nengone. Nous, nous allons bien au-delà. Nous avons des plans de reboisement précis, qui nous permettent de répondre aux normes environnementales internationales, et nous serons bientôt la seule société au monde à être certifiée FSC, Forest Stewardship Council, qui est le plus haut degré de certification. »
Par ailleurs, une démarche « zéro déchet » est aussi engagée, puisque tout ce qui n’est pas transformé en essence, à savoir le bois autre que le cœur de santal, l’écorce et les poussières, sont valorisées et vendues pour la fabrication d’encens.
Les deux sociétés engagées dans « l’aventure santal », Takone et Serei No Nengone, garantissent non seulement « la pérennité de la ressource », mais aussi « l’implication des populations locales et leur formation continue ».
Des émules sur la Grande Terre ?
Enfin, l’aspect touristique de cette filière n’en est pas moins oublié puisque, à défaut de pouvoir admirer les coulisses de l’usine de santal, des visites des plantations à dos d’ânes seront bientôt proposées à Maré. D’ores et déjà « l’aventure santal », qui se dessine également à Lifou et Ouvéa, pourrait faire des émules sur la Grande Terre. « Nous réfléchissons à développer d’autres filières similaires, à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie », a conclu Jean Waikedré.
Une vision évidemment partagée par le président Thierry Santa. « Vous pouvez être fiers de ce que vous êtes, de ce que vous faites. Si tout le monde pensait comme cela, la vie serait beaucoup plus simple en Nouvelle-Calédonie. »
Afin d’accompagner ces « nouvelles aventures », le gouvernement envisage de soutenir encore davantage la création et le développement des entreprises innovantes.